L’art contemporain marocain s’inspire de la mémoire collective d’un patrimoine artistique tripartite : berbère et africain, arabo-islamique et «orientaliste» (européen). L’émergence de la peinture marocaine moderne dans les premières décennies du 20e siècle s’est produite en marge de «l’école coloniale». Ce n’est qu’après l’indépendance (1956) que l’art marocain véritablement moderne au sens d’avant-garde émerge. Ahmed Cherkaoui (1934-1967) fut peut-être un personnage clé dans la définition d’une identité nationale et d’un caractère de la peinture marocaine. À la sortie de l’école d’art de Casablanca, sous la direction des artistes Farid Belkahia, Chebaa Mohamed et Melehi Mohamed, un nouveau sens de son héritage culturel et une maîtrise technique des formes et de la couleur sont devenus manifestes Dans les années 1970 et 1980, il y a eu une floraison des styles et des tendances, et une internationalisation de la scène artistique marocaine. L’art brut, l’art naïf, la figuration, l’abstraction, l’art calligraphique ont tous trouvé leur place sur la scène contemporaine. Les sculpteurs sont également présents.
La quête d’identité et d’authenticité des artistes marocains est enracinée dans leurs travaux qui s’inspirent de l’art traditionnel, mais qui a aussi abouti à des solutions artistiques entièrement nouvelles. C’est une lutte qui ressemble à celle que vivent les artistes de nombreux pays en développement: traduire, exprimer et réaffirmer des formes et des sensibilités esthétiques plus anciennes de manière à ancrer très fermement l’artiste dans le présent.
L’art marocain contemporain est une quête, une évolution toujours en cours, se concentrant sur plusieurs peintres-clés qui ont su négocier une savante distance entre la peinture académique et la peinture folklorique. Ils ont à leur manière médiatisé les différences entre les signes et sensibilités locaux (islamiques ou berbères) et l’universel.